Le terreau de l’entreprise « toxique »

Toute création d’entreprise ou grand projet nait avant tout d’une aventure humaine dont le succès dépend de la qualité des relations interpersonnelles. A l’heure de la 4ème Révolution industrielle et de la complexité des changements, un des facteurs clé de réussite, au-delà de compétences exceptionnelles, réside dans la création d’un véritable « Réussir ensemble ». Et pourtant, au cœur d’un écosystème toujours plus interconnecté et en lien, l’entreprise nourrit parfois et toujours des jeux de pouvoir individuels et antagonistes. Quand le « je » prend le dessus sur le « nous », bienvenue dans l’entreprise « toxique »!

Là où il y a terreau pour la création, il y en aussi potentiellement terreau pour la destruction.

En phase initiale de projet, celle du « forming », le « nous » se révèle engagé, fier d’être à l’initiative et ambassadeur d’une vraie création de valeur collective. Mais très vite, la phase de « storming » apparait. En toile de fond les peurs s’inscrivent, celles de l’échec pour certains, celles de la réussite pour d’autres, celles surtout du changement qui redistribue les cartes du pouvoir pour beaucoup. Les trops et manques d’égos s’expriment, se polarisent et deviennent alors le point critique du projet. Les futures phases, celle du « norming », la vraie co-construction selon des règles revisitées et celle du « performing », l’atteinte du plein potentiel en pleine autonomie sont en jeu.

L’entreprise « toxique » et le triangle de l’anti-leader

Quand le « je » prend le dessus sur le « nous »

L’entreprise « toxique » fait du « storming » un instrument de résistance et de dominance où le « diviser pour mieux régner » prospère. Enlisés dans des conflits interpersonnels, les projets se perdent, les promesses vaines se succèdent et les pouvoirs se redistribuent, à dessein. Le Triangle Dramatique de Karpman vient se substituer au « Réussir Ensemble » : Chacun devient la victime d’un autre, cherche un bourreau pour justifier l’échec et un sauveur pour protéger sa réputation. Que ce soit par ignorance, manque d’appétence ou simplement incompétence, cette posture d’anti-leader crée le chaos et abime le capital relationnel de l’entreprise, celui qui seul permet la résilience en toute circonstance.   

L’entreprise « anti-fragile » et le triangle du leader

Quand le « nous » prend le dessus sur le « je »

Au contraire, très soucieuse de dépasser la phase de « storming », l’entreprise « anti-fragile » investie sur l’intelligence collective pour souder, relier-rallier, à un moment où le projet entre dans sa phase de vulnérabilité.

Elle crée les conditions relationnelles et émotionnelles pour développer la confiance, le respect et la culture du feedback, 3 composantes du le triangle du leadership de Dilts et embarque son équipe + réaligne en fonction des talents de chacun les responsabilités et le pouvoir afin d’alignés dans la phase de norming.

Quand l’entreprise « anti-fragile » accueille les vulnérabilités pour faire une force, l’entreprise toxique se sert des forces pour en faires des vulnérabilités.

R=P, confiance, respect et feedback.

Lien article Agefi (05 mars 2020): https://agefi.com/actualites/acteurs/le-terreau-de-lentreprise-toxique